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VEAUX À PROBLÈMES: ET SI C'ÉTAIT UNE STRONGYLOÏDOSE

EDWIGE BORNOT, VÉTÉRINAIRE EN CÔTE-D'OR

Les parasites du jeune veau ne sont pas rares. Exemple avec la strongyloïde qui adore les aires paillées humides.

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IL EST MALHEUREUSEMENT COURANT D'AVOIR À GÉRER DES LOTS de jeunes veaux qui « bricolent ». Traduisez : avec le poil piqué, une croissance qui ne décolle pas et des selles plus ou moins diarrhéiques. Les causes en sont multiples. On pense assez facilement à la coccidiose. Mais il peut également s'agir d'un autre petit parasite appelé strongyloïde.

Sa larve se transmet au veau au moment de la buvée du colostrum ou par voie transcutanée (à travers la peau). Elle migre par les poumons et peut conduire à une journée d'essoufflement et à de la fièvre. Elle s'installe ensuite dans l'intestin et entraîne des diarrhées dès cinq à sept jours d'âge si le veau a été contaminé à la naissance.

Même si ce parasite n'est pas la cause principale de diarrhées néonatales en série, il peut être une cause aggravante, et handicaper la guérison et la croissance du veau.

En général, les strongyloïdoses sont observées dans les élevages à aire paillée humide souffrant d'un problème de ventilation du bâtiment.

Le diagnostic passe par le prélèvement de selles et l'examen coproscopique. Les larves embryonnées dans les selles sont facilement identifiables. Tous les veaux n'étant pas forcément contaminés, il est préférable d'en prélever plusieurs pour identifier la parasitose.

PAS DE PRÉVENTION SANS UNE AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE LOGEMENT

Le traitement passe par l'administration d'un vermifuge(1), une ivermectine par exemple. L'administration unique d'un benzimidazole de type fenbendazole (Panacur ou d'autres) est, en général, insuffisante. Il faut alors faire un traitement de trois à cinq jours.

La prévention sanitaire passe par une amélioration des conditions de logement avec une bonne hygiène des litières et un curage régulier. Mais aussi une ventilation permettant une évacuation de la vapeur d'eau sans courant d'air. Une pente de l'aire paillée permet l'écoulement des jus et une litière plus saine dans la zone de couchage. En cas de contamination chronique, un traitement systématique des veaux de plus d'une semaine peut être envisagé.

Face à un lot présentant un vilain poil et un ralentissement de croissance, il est de toute façon intéressant de faire un prélèvement. En effet, l'examen coproscopique permet aussi d'identifier des coccidies et éventuellement des ascaris (beaucoup plus rares). Les coccidies ne donnent pas de signes cliniques avant l'âge de trois semaines ou un mois. Les strongyloïdes peuvent en provoquer sur des veaux d'une semaine. Par contre, si l'examen coproscopique est négatif, un autre parasite protozoaire, un Giardia, peut donner des signes cliniques similaires. Son identification est beaucoup plus difficile et il faut alors demander spécifiquement sa recherche au laboratoire ou un kit spécial recherche de Giardia, que le vétérinaire peut se procurer. Le traitement de ce dernier parasite nécessite l'administration orale d'un benzimidazole de type fenbendazole pendant trois à cinq jours de suite. Tous ces parasites du jeune veau ne sont pas rares. Bien sûr, leur traitement n'est pas obligatoire et leur immunité finit par avoir le dessus, sauf quand d'autres causes s'ajoutent à l'affaiblissement du veau. Quoi qu'il en soit, l'hygiène et les conditions d'élevage, dont le logement, sont des facteurs très importants à maîtriser si on ne veut pas être dérangé par ces pathogènes.

(1) Produits soumis à prescription vétérinaire.

Les larves de strongyloïdes sont facilement identifiables par examen coproscopique.

© CLAUDIUS THIRIET

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